Témoignage de Stanislas Roquette

J’ai suivi pendant deux ans les ateliers hebdomadaires de clown d’Hervé Langlois, ainsi que plusieurs stages ponctuels d’une semaine.

La rencontre avec sa façon de travailler a été extrêmement marquante pour moi. Les contraintes d’improvisation très claires, qu’il fixe,
et la manière dont il dirige les participants engendrent un processus clownesque essentiel, libérateur et décomplexé, où chacun déniche son endroit de « sublime connerie », sans aucun formatage dans la forme de jeu, le propos ou l’efficacité. Une simple recherche, humble et profonde, de la sensibilité à l’instant présent, fondatrice de la présence de l’acteur.

Sans bien savoir pourquoi, j’ai le sentiment qu’il y a quelque chose de quasi révolutionnaire dans ce travail du clown : le moyen d’accéder, dans la distance et le plaisir, à des couches enfouies de l’imaginaire collectif et de notre univers mental. Presque à chaque séance d’atelier j’ai assisté à un moment unique, celui où la personne sur scène, réconciliée un court instant avec son image, ses contradictions, sa vie et l’idée qu’elle se fait d’elle-même, livre une parole ou un geste, un regard ou un silence,
qui la rendent infiniment touchante, humaine, et donc drôle.